Restauration d'affiche " Café Collas"
Restauration d'une affiche oxydée avec pliures et déchirures.
Procédure de restauration d’affiche :
Ce document a été lavé plusieurs fois à l’eau claire pour extraire les produits résiduels jaunes dus à l’oxydation de la cellulose. Cela permet, également, de rétablir le PH a un niveau acceptable. Après séchage, le restaurateur pratiquera une mise à plat et une consolidation par doublage sur un papier japon de 17 gr à la colle d’amidon. La restauration de l’affiche se poursuivra par le comblement des lacunes avec un papier de même nature et la réparation des déchirures. Enfin, le restaurateur travaillera à atténuer les marques de pliures et les éraflures dans le graphisme.
Affiche lavée et désacidifiée dans un bain d’eau. Il s’agit ici d’une lithographie, imprimée en couleur, ce qui est le cas pour la grande majorité des affiches. Le lavage aqueux permet d’enlever les produits de dégradation du papier et certains acides solubles. De plus cela consolide le papier en recréant les liaisons d’hydrogène entre les chaines de cellulose. Il s’agit vraiment d’une étape importante de la restauration quand les pigments le permettent.
Affiche après restauration :
Particularités de la restauration d'affiches :
La principale difficulté rencontrée par le restaurateur, après les contraintes imposées par le format sera la qualité du papier.
En effet, les affiches sont imprimées sur des papiers dits de « pâte mécanique » de bois. Car ce papier est bon marché et les affiches du 19 ème n’avaient pas vocation à perdurer dans le temps ; même, si aujourd’hui leur graphisme nous enchante. Et certaines affiches atteignent des prix records en salle des ventes (cf Mucha, Toulouse- Lautrec, etc).
La pâte mécanique de bois est un procédé dans lequel la lignine de bois n’est pas extraite à la différence de ce que l’on appelle les pâtes chimiques. Et cette technique, mise au point dans les années 1840, permet de se passer des chiffons pour réaliser la pulpe de papier. Mais les fibres sont courtes et les taux d’alphacellulose sont faibles et la lignine reste présente. Or, la lignine va se dégrader très vite à la lumière en jaunissant et en fragilisant le papier jusqu’à l’effritement.
Donc, dans l’absolu, si l’on veut conserver ces papiers, ils ne devraient pas être exposés à la lumière.
Il a été démontré qu’un papier de ce type exposé un temps court (1 heure) vieillira toujours plus vite qu’un échantillon équivalent protégé de la lumière. Cela explique, en partie pourquoi les affiches nous parviennent souvent en très mauvais état. Dans un souci de conservation, mieux vaut les mettre sous verre (anti UV) avec des sources lumineuses limitées, si l’on veut les exposer.
Entoilage d'affiche :
De nombreux clients pensent pouvoir se passer d’un cadre et demandent à ce que leurs affiches soient entoilées. Or ce n’est pas une bonne idée. En effet la toile a tendance à se rétracter à l’état humide alors que le papier s’allonge. Des deux, il est certain que ce n’est pas le papier qui va être le plus résistant. Sans compter, qu’il ne faut mieux pas exposer ces papiers de pâte mécanique sans protection vis à vis des rayons lumineux. Si l’on doit, pour des raisons de très grands formats, faire un entoilage, il convient d’intercaler un papier (japon, Bolloré) entre le document et la toile et de faire ceci avec des colles réversibles (colles d’amidon). Mais souvent, aujourd’hui, les collectionneurs considèrent que les entoilages font perdre de leur valeur aux affiches.
Doublage d’affiche :
Le plus souvent, à des fins de consolidation, la restauration d’affiche nécessitera un doublage sur un papier, souvent un papier japon, papier réputé pour ses qualités particulières de résistance, à l’aide d’une colle de restauration. Le grammage de ce dernier pouvant varier selon les besoins. Et c’est ce qui a été réalisé dans le cas de l »affiche présentée ici.