L’aquatinte fait partie de la famille des gravures « en creux », c’est une technique dérivée de l’eau-forte où l’on utilise l’acide pour réaliser les creux dans la plaque, on parlera de taille indirecte.L’effet recherché est de reproduire, par la gravure, le style pictural d’une aquarelle ou d’un lavis à l’encre. Des teintes dégradées, des valeurs, avec peu ou pas de traits dans le graphisme.
Le principe est de recouvrir les zones qui seront encrées par une multitude de petits grains de résine sur une plaque de cuivre (différentes grosseurs) en protégeant les parties qui resteront blanches. Ces grains vont adhérer à la plaque qui sera chauffée et trempée dans l’acide. L’acide (eau-forte) creusera autour de ces grains ; le temps de morsure, la grosseur des grains permettent des dégradés du noir au blanc. Le graveur peut également retravailler sa plaque soit avec des traits avec la technique de l’eau-forte soit avec une autre technique. Et, il peut également se servir d’un brunissoir pour moduler sa teinte en diminuant la profondeur des trous.
C’est au XVIII siècle que cette technique de gravure a été inventée, les français et les anglais s’en attribuant la parenté. Il faudra par contre beaucoup d’essais pour maîtriser l’impression en couleur. Et longtemps par manque de précision, nombre de tirages auront un aspect « flouté » pas très heureux. C’est pourquoi, il était, à la limite, plus simple et moins coûteux de les colorer à l’aquarelle, comme cette gravure aquarellée.
Et cela pendant de nombreuses années. Il faut imaginer qu’au 19ème siècle, des hangars entiers étaient remplis d’aquarellistes travaillant sur les journaux relativement de grand tirage comme le Journal des Dames.
La pose aléatoire des grains, tout comme leur forme après avoir été chauffés donne au dessin un aspect vivant, « peint » au contraire d’une trame mécanique.
On la reconnaîtra aisément à l’aide d’une loupe (x6) à cet aspect un peu « caramel fondu ». Et à sa très grande délicatesse, bien sûr. Le relief d’encre (sensation des traits sous les doigts) n’est pas ou très peu sensible. Cela peut rendre l’aquatinte assez délicate à manier en restauration.