Etat de conservation du document.
Cette gravure aquarellée, aquatinte rehaussée d’aquarelle et de gouache blanche, est assez « rousse » ce qui dénature les couleurs d’origine (jaune-roux plus bleu égal verdâtre). Cette rousseur est due à l’oxydation de la cellulose du papier provoquée par de mauvaises conditions de conservation.
C’est pourquoi, pour accentuer les contrastes de cette gravure aquarellée et pour dissimuler les défauts, des aplats de gouache blanche ont été rajoutés. On constate de nombreux manques, petits trous et épidermures dans le graphisme : soit le papier a subi les ravages des lépismes, soit un excès d’adjuvants (talc, carbonate de calcium…) ont accéléré la dégradation de ce papier en se désolidarisant de la feuille. On note, également, de nombreuses « piqûres » (langage courant) dites taches de foxing dues à de mauvaises conditions de conservation pour cette gravure. Elles sont dues, également, à une l’oxydation de la cellulose du papier. |
L’aquatinte fait partie de la famille des gravures « en creux », c’est une technique dérivée de l’eau-forte où l’on utilise l’acide pour réaliser les creux dans la plaque, on parlera de taille indirecte.L’effet recherché est de reproduire, par la gravure, le style pictural d’une aquarelle ou d’un lavis à l’encre. Des teintes dégradées, des valeurs, avec peu ou pas de traits dans le graphisme.
Le principe est de recouvrir les zones qui seront encrées par une multitude de petits grains de résine sur une plaque de cuivre (différentes grosseurs) en protégeant les parties qui resteront blanches. Ces grains vont adhérer à la plaque qui sera chauffée et trempée dans l’acide. L’acide (eau-forte) creusera autour de ces grains ; le temps de morsure, la grosseur des grains permettent des dégradés du noir au blanc. Le graveur peut également retravailler sa plaque soit avec des traits avec la technique de l’eau-forte soit une avec une autre technique ou bien se servir d’un brunissoir pour moduler sa teinte en diminuant la profondeur des trous.
C’est au XVIII siècle que cette technique de gravure a été inventée, les français et les anglais s’en attribuant la parenté. Il faudra par contre beaucoup d’essais pour maîtriser l’impression en couleur et faute de précision, nombre de tirages ont un aspect « flouté » pas très heureux. C’est pourquoi, il était, à la limite, plus simple de les mettre en couleurs à l’aquarelle, comme cette gravure aquarellée.
La pose aléatoire des grains, tout comme leur forme après avoir été chauffés donne au dessin un aspect vivant, « peint » au contraire d’une trame mécanique. On la reconnaîtra aisément à l’aide d’une loupe (x6) à cet aspect un peu « caramel fondu ». Et à sa très grande délicatesse, bien sûr. Le relief d’encre (sensation des traits sous les doigts) est très peu sensible cela peut rendre l’aquatinte assez délicate à manier en restauration. |