Dans certains articles précédents, il a été question de différentes techniques de gravure : l’eau-forte, l’aquatinte, le burin.
La manière noire est une façon de graver le cuivre très particulière. C’est une technique dite de taille directe comme le burin, la pointe sèche ou le pointillé.
Mise au point au milieu du XVII siècle, elle veut à l’instar de l’aquatinte ou de la gravure à la roulette reproduire un effet dessiné ou peint. Sans les techniques de hachures ou de traits croisés du burin ou de l’eau-forte, elle permet de réaliser comme des effets de lavis d’encre ou d’aquarelle.
La plaque de cuivre est grainée d’une multitude de petits trous réalisés à l’aide d’un berceau, lame de forme arrondie hérissée de petites pointes. Cette dernière permet de réaliser une multitude de petits trous dans la plaque de cuivre.
Si l’on encrait et imprimait cette plaque, avant que le graveur ne réalise son dessin par effacement des creux, on aurait une épreuve tirée, d’un noir uni profond et velouté.
Le dessin sera réalisé par l’écrasement de ces petits creux avec des brunissoirs afin d’obtenir des creux plus ou moins profonds. Moins le grainage sera accentué, moins il retiendra d’encre d’impression et plus il tendra vers le gris. Plus les trous seront aplanis par les outils du graveur plus le résultat ira vers le blanc.
C’est, on le voit, une technique complexe et admirable. Peu d’artistes ont pu la maîtriser sans avoir besoin de se servir de traits à l’eau-forte ou au burin pour en redéfinir les contours. Demarteau en France et Hogarth en sont de remarquables exemples.
La gravure à la manière noire est redevenue active au XXème siècle avec des artistes très techniques comme Watanabé, Avati, etc.
Le résultat est si parfait que nombre de néophytes pensent regarder une impression photographique plutôt qu’une estampe réalisée à l’aide d’une plaque de cuivre encrée et imprimée sur papier.